[PIFFF 2015] CR, jeudi, troisième jour.

Troisième jour du festival, jeudi 19 novembre débutait sous la pluie. Comme chacun le sait, c’est le temps idéal pour aller voir un film, et il semble que chacun s’était passé le mot puisque la salle était quasi comble pour les deux derniers films, Evolution et Virgin Psychics. C’est dans une atmosphère surchauffé (littéralement, il faisait très chaud dans la salle et ce n’était pas uniquement dû aux filles en petites culottes dans le dernier Sono Sion) que cette journée s’est passablement bien déroulée.

somekindofhateSOME KING OF HATE de Adam Egypt Mortimer était annoncé comme le film « méchant » de la sélection. Et il est vrai, qu’on pourrait prévenir les âmes sensibles, car le sang va couler. Pas vraiment étonnant puisque le film est un slasher qui tente de gagner en originalité en se basant un aspect à la fois fantastique (le tueur est un fantôme) et à la fois social (puisque les adolescents sont des délinquants) tout en respectant somme toute à la lettre les codes du genre. Les meurtres brutaux et violents sont liés en effet à un tragique et cruel évènement où une adolescente a été assassinée par ses camarades, des années plus tard, elle revient hanter les lieux et se venger. Une histoire assez classique, mais en choisissant d’établir cela dans un établissement de redressement de délinquants en plein milieu du désert tenu par une bande de hippie pensant chasser le mal par la méditation rend le film particulièrement original d’autant que le réalisateur n’a pas manqué d’idées pour rendre les meurtres plus rebutant via un concept de fantôme assez intéressant. Malgré tout le film n’est pas une franche réussite, si la fin est assez canon, en revanche la mise en scène n’est pas assez poussée et manque clairement de personnalité, l’écriture des personnages ne colle pas toujours avec le casting (même si les acteurs jouent bien, surtout les adolescents), et surtout, dans l’avancée de la narration, essentiellement au montage ça manque clairement d’inspiration. Résultat de bonnes idées, un méchant original, mais des scènes de meurtres filmés de trop loin ou en hors champ, une image fade, et une réalisation en dessous.

1988 Incident de Parcours - BDRip 1080p [RpK) .mkv_snapshot_01.32.21_[2014.12.06_01.03.02]En séance culte, nous avions INCIDENT DE PARCOURS de George A. Romero. Choisi justement parce que pas son film le plus culte, mais réunissant malgré tout les névroses et obsessions du réalisateur. Ainsi, l’on se retrouve face à une œuvre assez proche de MARTIN (du même réalisateur) où un personnage à la dérive se retrouve face à son animalité et à ses pulsions. Si dans ce précédent film, Romero explorait le désœuvrement de l’adolescence dans un contexte social défavorisé, dans INCIDENT DE PARCOURS c‘est tout l’inverse. Allan a tout pour plaire, beau garçon, athlétique, ayant remporté des championnats, en passe de devenir avocat, avec une petite amie sublime quand soudainement un accident de voiture le rend tétraplégique. Condamné à l’immobilité et à la dépendance, il se voit sauver de son infirmière et d’une mère possessive par un singe rendu très intelligent par des expérimentations scientifiques. Ce qu’Allan ignore, c’est que la guenon via le traitement qu’elle subit est capable d’entrer en connexion télépathique avec lui, et ainsi, le comprendre, l’aimer, mais aussi l’influencer. Assez proche de la thématique du patient subissant son infirmière toute puissante (MISERY en étant l’exemple le plus parlant), INCIDENT DE PARCOURS visite également l’animalité, les jeux d’influences, et le combat pour l’indépendance que doit mener le héros. Une œuvre vraiment intéressante qui frise le génie à plusieurs reprises.

Lucile-Hadzihalilovic-acclamee-au-Festival-de-San-Sebastian_referenceÉgalement en compétition, ÉVOLUTION de Lucile Hadzihalilovic est lui aussi (BLIND SUN) un film d’horreur sous le soleil ou plutôt sous l’eau. Nicolas, onze ans, vit avec sa mère sur une île, dans un village isolé de tout, uniquement peuplé d’enfants de son âge accompagnés de leur mère. Chaque jour, ils reçoivent un traitement jusqu’au moment où ils doivent se rendre à l’hôpital pour une mystérieuse opération. Suite à une exploration sous-marine, Nicolas découvre le corps d’un enfant noyé au milieu d’un récif de corail. Quand sa mère lui affirme qu’il n’y a rien du tout, Nicolas est alors convaincu qu’elle lui ment et se met à la suivre la nuit. Il va alors découvrir qu’il se passe bien des choses mystérieuses sur cette île, des choses effrayantes. Avec une approche très sensorielle, Lucile Hadzihalilovic fait fi des explications, laissant place à une certaine magie suscitée à la fois par le mystère planant autour des femmes et de l’hôpital, mais aussi par les images immersives. Le film est assez lent, ce qui se prête à faire entrer le spectateur dans un monde contemplatif et magique, parfois cruel d’ailleurs, mais peu exclure les spectateurs en recherche de film de genre au rythme plus rapide. Assez proche d’Innocence, Lucile explore cette fois-ci la thématique matricielle et le rapport de l’homme à la femme, ainsi que de la maternité. Excellent voyage qui si l’on se laisse emporter, vous amène dans un endroit magique.

the-virgin-psychicsDernier film de la journée, THE VIRGIN PSYCHICS est le dernier (enfin, il est parmi les 7 faits cette année) film de Sono Sion. Hyper actif, Sono Sion a réalisé cette année une dizaine de films dont celui-ci. À proprement parler, c’est un film de petites culottes (littéralement). Dans une petite ville japonaise, un rayon cosmique frappe les puceaux et vierges en pleine branlette et leur donne des supers pouvoirs. Après les avoir expérimenté, l’un lisant les pensées des filles, l’autre se téléportant dans les vestiaires des filles intégralement nu, ou encore un autre utilisant sa télékinésie pour se branler sans utiliser les mains, ils sont recrutés pour faire face à une menace. En effet, quelqu’un utilise ses pouvoirs afin de créer une armée de filles lubriques et d’asservir le monde sous le joug de la sexualité débridée. Heureusement, nos héros branleurs sont là. Un film donc au postulat un peu dingue qui cherche à pousser le ridicule à l’outrance. Le tout avec un accent sexy puisque les acteurs sont tous des modèles de magazines érotiques. Hélas, le film est carrément trop long et pas si amusant que cela passé la première demi-heure. Comme Takashi Miike, l‘hyper activité filmique n’est pas forcément de bon augure. En effet si le film est drôle, original et fonctionne bien la première demi-heure, ensuite, il s’enlise, se répète et ne sait plus que dire. Au bas mot, une heure et demi est de trop.

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