[PIFFF 2015] CR Dimanche et palmarès.

Dernier jour du Paris International Fantastic Film Festival, ce dimanche était aussi le début de la vague de froid s’abattant sur Paris. Aussi doit-on noter le courage des nombreux spectateurs présents pour la séance de 11h, attendant dans le froid, d’autant que quelques uns avaient fait la nuit juste avant. Qui dit dernier jour du festival dit cérémonie de fermeture, prévue à 21h30 histoire de pas finir trop tard. Mais ce dimanche devait nous réservé de belles surprises.

dofusDOFUS LIVRE I, est l’adaptation filmique d’un jeu vidéo français à succès. Il y a dix ans, Ankama développait le jeu Dofus, un MMORPG avec une mythologie fantastique fleurant bon la fantasy avec un univers sucré mais pas sans caractère épique. C’est le même studio qui a créer le film. Proposant une animation simple mais très belle et soignée pour le cinéma, Dofus empreinte de beaucoup au genre du film d’aventure, et surtout de la quête initiatique, où le jeune Joris, un petit garçon à l’âme aventurière, se retrouve confronté au lourd passé de la cité où il vit. Sans trop vous en dire, l’univers sucré, coloré et innocent du début se métamorphose au fur et à mesure, proposant une intrigue plus adulte le tout agrémenté d’un humour potache qui donne au film des faux airs de Shreck dans la veine référencé et humour décomplexé. Une belle réussite qui a visiblement séduit les fans du jeu qui attendaient le film avec impatience.

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SOUNTHBOUND est le seul film d’anthologie du festival. Nous suivons cinq histoires différentes qui s’enchaînent plutôt bien puisque la fin de l’autre donne naissance au suivant. Il y a également la voix d’un DJ de radio qui sert de fil conducteur, confrontant par ses questions les personnages face à leurs démons et à leur quête impossible d’une issue de secours. Dans The Way Out, réalisé par Radio Silence, deux amis couverts de sang conduisant un pick fuient d’étranges créatures planant dans le ciel. Roxanne Benjamin réalise le segment Siren où trois jeunes femmes tombant en panne acceptent la proposition d’un étrange couple de dormir chez eux en attendant que leur voisin répare le mini-van. Bien évidemment, mieux valait refuser la proposition, les trois jeunes femmes ignorant qu’elles mettent les pieds dans un endroit où l’on ne ressort pas indemne. The Accident de David Bruckner confronte un père de famille à un accident violent. L’homme tente de sauver sa victime par tous les moyens, débarquant dans un hôpital désaffecté, il décide de l’opérer sous les conseils des urgences qu’il a en ligne. Il ignore évidemment qu’il va droit en enfer. C’est d’ailleurs là qu’on retrouve Danny, un vieil homme qui menaçant des démons avec un fusil tente de retrouver sa sœur dans le segment Jailbreak de Patrick Horvath. Enfin, Radio Silence reprend la main avec le dernier segment où une famille se retrouve attaqué par trois hommes portant des masques. Avec une ambiance sud des Etats-Unis poisseux, guidé par une musique très adaptée à l’univers, une sorte de morale à la Conte de la crypte, très cruelle envers les personnages et une fluidité du récit très agréable, Southbound a tout bon et frise le génie.

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En parlant de génie, la projection du film L’ENFANT MIROIR miraculeusement retrouvé en pellicule et restauré, était accompagné de la présence de son génial réalisateur Philip Ridley. Cet artiste hors du commun n’a réalisé que trois films, Darkly Noon en 95 et Heartless en 2009. Mais le soin apporter à chacun donne forcément à son réalisateur une aura spéciale. L’enfant Miroir fait indéniablement parti de ces films rares et profonds qui marquent l’histoire du cinéma. Perdu pendant des années, il a miraculeusement été retrouvé et restauré. Ce conte de fée emprunte beaucoup à un univers très rural américain et pour autant, aborde l’univers quasi magique de l’enfance. Nous nous retrouvons auprès d’un petit garçon qui ne parvenant à comprendre le monde des adultes où sa mère martyrise son père et où ses amis sont tués les uns après les autres, invente alors des mythes et des histoires où les enfants morts deviennent des anges et où les veuves sont des vampires.

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Le documentaire THE 1000 EYES OF DR. MADDIN nous plonge dans l’univers barré du réalisateur qui dit lui même ne pas savoir raconter d’histoire. On a du mal à le croire cependant tant ses films à leur manière amène le spectateur dans un univers étrange et onirique où l’on sent l’amour profond du réalisateur pour la pellicule, le cinéma muet, mais aussi Méliès et sa magie fantastique. C’est en lui rendant hommage que le documentaire cherche au lieu de documenter de montrer, de faire entrer le spectateur dans la tête du cinéaste canadien, et de nous faire mieux appréhender son univers tout en se gardant bien de nous spoiler. Pas étonnant dès lors que le documentaire ait reçu un prix au festival de Venise.

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Enfin, durant la cérémonie de clôture le palmarès était dévoilé. Don’t Grow up de Thierry Poiraud remporte le prix du public, tandis que Evolution de Lucile Hadzihalilovic remporte le prix cine + Frisson. Côté court métrage, l’irrésistible Ours Noir remporte le prix du public pour les courts métrages internationaux tandis que of men and mice l’emporte pour les courts français. Le jury quand à lui a choisi de récompenser Phantasm of the Living et d’offrir une mention spéciale à L’appel. Quand à Cine + Frisson c’est Juliet qu’il récompense. Comme toujours, la part belle est donnée aux courts métrages français afin d’encourager les jeunes cinéastes en herbe. Le public avait l’occasion de revoir les deux grands gagnants d’ailleurs avant que ne soit projeté le film de clôture.

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GREEN ROOM est le troisième film de Jeremy Saulnier, réalisateur du génial Blue Ruin. Un groupe punk rock se retrouve suite à un enchainement de circonstance à jouer dans une salle tenue par des suprématistes blancs. Après leur concert, le guitariste retourne en loge pour récupérer un téléphone portable oublié et assiste bien malgré lui à un meurtre. Rapidement les skinnead décident d’enfermer le groupe dans la loge en attendant de décider de leur sort. Nos jeunes héros comprenant qu’il y a peu de chance qu’on les laisse en vie tentent par tous les moyens de survivre à cette nuit interminable et infernale. Comme dans son précédent film, Jeremy Saulnier privilégie une approche réaliste et intimiste donnant à ses personnages de l’épaisseur et s’éloignant ainsi des clichés et du manichéisme (avec un tel sujet c’est d’ailleurs plutôt brillant). Offrant au spectateur un cinéma de qualité avec un sujet par définition badass, il touche au survivalisme avec la même intensité dramatique qu’il l’avait fait précédemment avec le film de vengeance. Hâte de voir son prochain métrage.

C’est ainsi que se terminait le PIFFF, dans le froid et la nuit, on regrette d’ailleurs un peu qu’il n’y ai pas de « bar du festival » où l’on pourrait tous se retrouver même si il y avait quelques brasseries aux alentours susceptibles d’accueillir les spectateurs désirant boire un verre entre deux films. On ressort du festival avec surtout une énorme frustration : qu’il ne dure pas plus longtemps, tant la sélection était intéressante et la rétrospective cool. On se donne rendez-vous à l’année prochaine !

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